ambre salée

« Ce que m’avais appris Eric m’avait secoué.

C’est quoi ce foutoir ?

J’étais de retour à la maison et je sentais ELLE aussi atteinte que moi. Par habitude je m’étais servi le fond de Jack qui me restait dans une planque pour jour-sans. »

Le début du départ du déclic du recommencement pour Jouland. Il a enfin mis le nez dehors pour faire autre chose que se bourrer la gueule dans les troquets où personne ne le connaît.

Et il se pose des questions. Les premières depuis des lustres. Le whisky lui paraît fade, insipide. Il ouvre les fenêtres, au propre comme au figuré. Les questions perturbantes se bousculent au portillon… Il a été flic, l’est-il toujours ?

Un coup de sonnette et la voisine fait son entrée.

Un phénomène. D’origine bretonne (cela ne s’invente pas, moi aussi j’ai le sang salé), et du nom de ma grand-mère, elle a gardé un recul certain sur la vie malgré les tempêtes qu’elle aussi a dû affronter. Elle est toute petite, le regard pétillant, la tête toujours un peu penchée sur le côté. Elle ne juge pas mais voit tout. Boit aussi, mais pas de tout. Plutôt des sucreries un peu fraîches, porto, liqueurs et autres douceurs. Je n’ai pas visité son appartement, mais on devine aisément un gros buffet et des fauteuils recouverts de broderies devenues sépia. Des photos partout, surtout en noir et blanc. L’aïeule malicieuse à la sauce Agatha Christie revue et corrigée. Jeune, elle a certainement eu son lot d’admirateurs masculins, mais elle est restée fidèle à son peintre. La Bretagne étant le pays de prédilection des peintres, elle en a donc épousé un, mais en bâtiment. Tant pis pour elle, au moins ça reste coloré.

En y réfléchissant maintenant, la voisine fait aussi partie des ELLE(s), car elle va le secouer un peu l’inspecteur pour tenter de le réveiller. J’ai bien dit tenter.

J’avais de l’ambre en tête quand j’écrivais ce chapitre. Peut-être son côté suranné, on en trouve beaucoup dans les vieux bijoux, peut-être aussi la couleur d’un vieux vin liquoreux tout doré comme pourrait en boire Mme Seznec, au joli nez de coing et de cire (je vous conseille le Soleil Levant de chez Loïc Mahé, en vente libre sur www.audeladuvin.com). Un parfum d’ambre et de musc flottait dans une brume… salée. Comme au bord de mer, quand le vent du soir se lève. Tout est salé là-bas, donc pourquoi pas l’ambre, mon ambre.

Ce jour-là, vers le mois de mai, en écrivant j’ai eu une envie soudaine de blanquette, et donc Jouland en a profité par l’intermédiaire de la concierge. Je « trafique » toujours un peu allègrement la recette en mélangeant les légumes tout frais du printemps et le citron de la recette d’origine. C’était une Blanquette navarinée, ou un navarin blanc. Bon en tout cas. Avec un coup de pif. Décidément ce livre donne soif. Si vous avez des trucs et astuces, une recette de grand-mère, n’hésitez-pas à remplir la boîte plus bas. Ce blog peut servir à tout.

Il fallait que je vous fasse mon quart d’heure « je suis breton et je cuisine », en direct de Douarnenez, la patrie du Kouign amann et des ports où l’on pisse (un peu comme Amsterdam, mais sans les femmes infidèles). Une petite image plus bas pour vous faire plaisir. la plage où j’ai appris à nager.

Il nous faut maintenant retrouver la petite fille en changeant de chapitre et d’atmosphère..