Cris écrits, la face cachée
Beaucoup de nouveautés et d’inédits : Inspirations parisiennes, Le blues, la mer a un homme…
Ecrire ne se décrète pas. Enfin moi je ne l’ai pas décrété. Je ne me suis jamais dit « demain je commence une histoire » ou « tiens, je vais écrire une page ». Pas dans mon ADN.
C’est plus sournois, quasi vicieux. Ça commence à gratter, genre urticaire invisible ou piqûre de moustiques sans point rouge. Quelque chose qui manque, ou quelque chose qui demande à sortir. Les mains et les doigts trépignent d’impatience et bougent sans arrêt.
Et un jour ça m’a gratté vraiment. Je tournais en rond comme un chat qui cherche une paire de genoux pour une sieste digestive ou une souris suicidaire pour tuer un moment d’ennui. Alors j’ai ouvert mon Mac (publicité non sponsorisée). Puis Word (idem). Et mes doigts de boucher des Halles ont commencé à frapper le clavier. Souvent je le plains. Il a mal à ses lettres, il voit passer beaucoup de fautes, parfois se fait arroser (mais par du bon je vous rassure), mais sans jamais une quelconque trace de rancune.
À l’époque je venais d’ouvrir un site de vins en ligne et je me suis mis à écrire ce qui me passait par la tête. Un article sur une recette de cuisine, puis deux. J’en ai pondu plusieurs dans la semaine. J’ai mieux dormi. Les mains se sont assagies. Les démangeaisons aussi.
Sensation étrange que d’être calmé par quelques lignes publiées. J’ai découvert le plaisir de chercher des mots, de les voir jaillir sans avoir à les invoquer. Mon cerveau faisait de son mieux pour m’aider et me proposait des images colorées, des odeurs violentes, des goûts affirmés. Et j’ai aimé. Les quelques premiers lecteurs de ces « inventions culinaires » aussi. C’était la première graine. Courant année 2016.
Deux mois plus tard, voyage familial à Londres – concert de Billy Joël -. Autant j’avais adoré mes vinyles de la grande époque, autant j’ai détesté ce stade trop grand, sans émotion, show à l’américaine et saucisses bouillies. L’histoire retiendra que la bière était fraîche. Nous nous sommes rattrapés sur les pubs et le marché aux puces (l’analogie avec les démangeaisons est purement fortuite). Le lendemain dans le tube, je ne saurais jamais pourquoi, la contemplation d’une jeune anglaise post-pubère, le décalage horaire (une heure, c’est beaucoup), le souvenir ému d’un steak & kidney pie subtilement trop cuit , j’ai fermé les yeux. 5 secondes, puis 10, puis 30. J’étais aveugle, et subitement tout était différent. J’entendais le souffle rauque de ma voisine, je sentais un burger tiédasse pas loin de moi et la clope froide. J’étais devenu une éponge à émotions.
Un personnage aveugle sonnait à ma porte. Sans y penser je lui ai ouvert. Il s’est endormi au chaud dans les délires de mon cerveau d’agité du bocal. Hibernation.
Deux à trois mois après, début 2017, je m’y suis inscrit à un atelier d’écritures (Les Mots) en me disant que j’allais y trouver des trucs pour améliorer mes articles de recettes. À bientôt 58 ans je voulais démarrer l’année sur de bonnes intentions. Pitch sympa : douze séances de deux heures sur les émotions avec Vanessa Caffin (qui a écrit entre autres « Souviens-toi de demain » que je vous recommande). Et me suis retrouvé à plancher sur des exercices d’écriture. Lire à haute voix ses premiers balbutiements sur la passion et l’envie et non plus sur la cuisson d’une côte de bœuf décomplexe. Un soir, nouvel exercice intriguant. L’écriture d’une nouvelle sur le thème de la rencontre. 1500 mots, quelques pages.
Ne me demandez pas comment ni pourquoi, si les planètes étaient alignées ce jour-là, le hasard devenu nécessité, toujours est-il que mon aveugle est revenu. Le premier chapitre est né en quelques heures. Tel que vous l’avez lu ou pouvez le lire. Il ne portait pas de nom, il ne voyait pas plus loin que son point final temporaire.
ELLE(s) avait été fécondée. Je ne savais pas encore que cette nouvelle allait devenir roman quelques mois plus tard. Mon premier bébé littéraire…
Depuis je n’ai pas arrêté. Sur tous les sujets, du roman d’aventures à la poésie. Bientôt peut-être un scénario. Je laisse aller. La vie est une valse, un tourbillon qui nous emporte.
Je ne sais pas bien danser, mais je peux vous décrire le couple qui se cherche sur la piste enfumée…
Bruno
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Bruno