« Dix, il en compté dix de ces cafards gros et gras. Ils viennent de derrière le chauffage électrique délabré qui pend sur le mur à côté de son lit. Le claquement sec quand il les éclate d’un coup de pied rageur le soulage. »
Un petit passage par l’Afrique.
Qui connaît ce continent est familier des cafards. Là-bas ils sont gros et gras, format hanneton, mais plus plats.
J’y ai vécu, et les ai beaucoup fréquentés. Ils sont malins les bestiaux. Ils se cachent comme ils le peuvent la journée, et la nuit c’est la nouba. Avant de se coucher, tout semble calme, nos corps attendent la fraîcheur de la nuit. Celle-ci arrive doucement une fois la lumière éteinte. Le sommeil tarde à venir car l’organisme a besoin de se vider de la chaleur de la journée. Au bout de quelques minutes on entend un grattement léger de petites pattes sur les carreaux du sol, sur la tête de lit en bois. Les draps bougent seuls. En silence. Parfois la figure vous démange. Une main fébrile rallume alors la lumière… et c’est l’horreur.
Ils se déplacent en bande les cochons, le papa-cafard, la maman-cafard et tout le village planqué dans le faux plafond ou à l’intérieur des murs. La moustiquaire ne les gêne pas, les produits insecticides et autre tortillons « anti-rien » non plus. Ils sont chez eux, mais comme ils sont polis ils daignent vous prêter leur logement durant les heures des fortes chaleurs. La nuit ils reprennent possession de leur bien, faut pas déconner.
Et alors c’est le désespoir. De rage vous videz le dernier aérosol de Baygon vert parfum « chiottes » en proférant des insultes inavouables. Au petit matin, réveillé très tôt par le soleil qui se repose peu vers l’équateur, encore perdu dans vos rêves luxurieux, vous posez délicatement le premier pied par terre… premier craquement, puis le second… nouveaux claquements. Sous vos yeux ébahis pointés vers le sol apparaît alors un cimetière de bestioles, les pattes pointées vers le ciel dans une dernière prière (de cafard). Une nouvelle journée peut démarrer, les rescapés de l’holocauste sont planqués. La douche froide avant l’école (j’étais prof) en regardant le pommeau des fois que…
Un continent fascinant l’Afrique !
J’en ai donc mis quelques-uns dans l’hôtel de Athman pour rappeler le pays.
Lui se rappelle plutôt des Africaines. Son penchant pour le cinéma d’auteur lui a donné quelques idées de pratiques sexuelles qu’il expérimente à loisir. « Le dernier Tango… » a fait fantasmer toute une génération de boutonneux dans les années soixante-dix, moins maintenant, je me suis donc permis de le ressortir des cartons. Il était beau à l’époque le Marlon, Marie Schneider aussi ! Pour être tout à fait honnête je ne l’ai jamais vu, mais la légende traversait les préaux et les rêves d’ados.
Une pensée émue pour les cinémas en plein air que nous fréquentions à Grand-Bassam, tout proche d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Son et lumière à chaque séance. Je revis Flashdance avec les griots amulettés (je sais, ça ne se dit pas) totalement envoutés par le Disco (Dieu animiste qui a vécu en France).
Un petit coup de BO pour vous remettre les idées en place !
Athman a pris son temps pour venir en France, mû par son impérieux besoin de découvertes… de nouveaux corps à explorer. Il est passé par le Mali et le pays Dogon. Moi aussi, mais pas dans le même but.
Un endroit extraordinaire, berceau d’un royaume célèbre dans toute l’Afrique avec ses traditions encore vivaces, on y rencontrait des personnages fantastiques et adorables. Une très vieille cité troglodyte est creusée à même la falaise de Bandiagara. S’y réfugiaient en cas de guerre tous les habitants des environs. La forteresse domine la vallée et était gardée à l’époque par un personnage sacré qui ne pouvait parler à quiconque non religieux. De loin on l’apercevait subrepticement, les villageois le craignaient et en parlaient avec respect. Il avait un énorme goitre semblait-il. Le pays Dogon est également célèbre pour ses splendides portes sculptées fermant à l’origine les greniers à céréales. Elles ont été pillées, on peut toutefois en voir de très belles au musée des Arts Africains (plus bas vous en avez une, ainsi qu’une photo de Bandiagara). Pognon et cupidité quand tu nous tiens. Dans porte à blé il y a blé !
Quand j’ai appris il y a quelques années que Daesh et Al Quaïda avaient pris possession de cette partie nord du pays j’ai vraiment ressenti une profonde tristesse. Comment de tels connards ont pu envahir une si belle région d’histoire qui ne demandait rien à personne. Ça m’a secoué de haut en bas (ou troué…) mais gentillesse et crédulité font bon ménage là-bas.
Pas très loin (tout est relatif ! A dos d’âne, c’est plus long qu’en Lada même pourrie ; une 4X4 d’époque très lointaine, 4X4 voulant dire que l’on sent quatre fois plus les cailloux et la tôle ondulée des pistes), pas très loin donc Mopti, surnommée la Venise du désert, est aussi un lieu admirable. Traversée par le fleuve Niger, c’est la dernière grande ville marchande avant le Sahara et Tombouctou. Des tonnes d’anecdotes à raconter, de quoi alimenter un autre roman. Un jour peut-être. Tout cela pour dire que le Mali c’est du rêve éveillé, et que M a eu raison d’aller y faire un tour. Et que F**** les pseudos guerres de Religion et autres fatwas.
Pour en revenir à nos protagonistes, Athman y a séjourné et s’est fait définitivement (!) retourner. La chair est faible. Dans certains ports du bord de mer un dicton dit « toute bite qui bande n’a pas de conscience ». Il bandait trop certainement. Bien entendu il a apporté à Paris ses envies, bien ancrées dans sa chair. Il cherchait un partenaire de Tango.
Son pote Eugène est du Burkina Faso lui, le voisin du Nord de la Côte d’Ivoire. Visiblement il a lui aussi les valises chargées. Nous ne reparlerons plus tard, il le mérite bien.
Si par un heureux hasard qui fait toujours bien les choses vous aussi avez connu et vécu quelques expériences africaines, les boîtes à coucou de dessous sont à votre service.