Black is black rue Bonaparte
Il la fixe par-delà la vitre, incapable de détacher son regard. La matière noire, épaisse et vivante du tableau l’attire et le nargue.
Nous étions dimanche, le seul jour de la semaine qui le rendait morose et qu’il peignait en gris, quelle que soit la saison. Dès le petit matin il chaussait ses mocassins préférés et quittait son premier arrondissement pour aller se perdre dans une rue de Paris qu’il connaissait certainement déjà. Il se promenait au hasard, totalement indifférent à ses concitoyens qui de toute façon ne se détournaient jamais sur cet homme insignifiant, voûté sous un vieil imperméable sombre. Seul l’œil averti pouvait remarquer (outre la patine de ses souliers), la makhila en bois de néflier qui l’accompagnait à chaque marche. Il l’avait faite sur mesure il y a déjà quelques années chez un vieil artisan, qui y avait gravé sous le pommeau d’argent sa devise favorite « le ciel peut attendre ». En basque, cela va de soi.
Aujourd’hui comme à son habitude il avait laissé son instinct et sa bonne étoile le guider. Il savait son œil capable de repérer seul ce petit rien qui deviendrait tout en une étincelle. Et ce même œil commanderait alors au cerveau de transformer le gris en lumière. Et le dimanche serait sauvé.
Le noir est profond…
Dernières « Humeurs parisiennes »
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Bruno