Gabriel n’en revenait pas.
Il avait devant lui un vin bleu. La bouteille était transparente, d’une forme assez étrange qui ne lui rappelait aucune autre

Aujourd’hui tout allait pour le mieux. Oublié le dimanche d’errance qui avait vu se succéder, dans l’ordre, une courte cure d’eau gazeuse, une salade (dé)composée…

Il se réveilla avec les mouettes et une faim de loup. L’air iodé était un démultiplicateur d’appétit.

Roger ne changeait pas, les années ne semblaient pas avoir de prise sur ses chemisettes hawaïennes ni ses rouflaquettes. Idem pour sa crêperie-bazar.

Gabriel a marché toute l’après-midi sur un tapis roulant fait de crêpes.
Port de plaisance, centre nautique, sentier des douaniers, plage, digue

Bon, réfléchissons un peu ! Gabriel était perplexe, mi-énervé mi-excité.Ses agapes de la veille l’avaient calmé et fait momentanément oublier l’origine de sa venue, mais il ne devait surtout pas perdre le fil conducteur…

La pointe n’avait pas changé, elle était toujours à la même place, ce qui tombait bien car c’est là qu’il allait. Sauvage était le mot qui convenait pour décrire cette avancée qui faisait face à l’océan…

Une feuille épinglée sur la porte indiquait laconiquement Vins et boissons en tout genre, surtout naturels. En cas de fermeture merci de vous adresser à la biscuiterie de la Pointe du raz, sur la route qui ne mène à rien.

Le retour vers Douarnenez était moins gai que l’aller. Le ciel faisait corps avec sa frustration intérieure et se couvrait de filaments gris et noirs

Un coup de téléphone et le couvert était réservé pour le soir même. Gabriel était chanceux, un client venait d’annuler. Il avait l’après-midi pour y aller, il prendrait le chemin des écoliers.