Il a toujours été là, petit homme anonyme place des grands hommes. Le corps est immobile sur le banc de granit…

Une sensation oubliée, presque nouvelle, qu’il redécouvrait en franchissant timidement la grande porte vitrée de son immeuble.

Le flot incessant des voitures est à peine contenu par les feux tricolores du carrefour au croisement du Boulevard du Montparnasse.

Ils sont tous là, pas un ne manque à l’appel. Comme tous les jours, hiver, été, matin de marché ou de vacances, qu’il pleuve ou qu’il COVID. Le rassemble-banc.

La barbe courte et bien noire, le cheveu toujours sage malgré l’heure et la fumée.

L’homme est beau. Il dégage une sérénité que rien ne semble pouvoir contrarier.

Elle est seule dans son monde. Un monde coloré de vert, rouge, orange ou jaune. De noir aussi, ou de bleu.

Le chevalet, dont les pieds avaient côtoyé dans leur jeunesse d’humides prairies ou des bords de mer iodés…

Les étincelles illuminent le soir un peu frais. L’homme est appuyé contre l’angle de la porte cochère et fume une cigarette.

Il la fixe par-delà la vitre, incapable de détacher son regard. La matière noire, épaisse et vivante du tableau l’attire et le nargue.