« Il faut bien que je la sorte maintenant qu’ELLE habite avec moi. Depuis quelques jours nous nous regardons un peu en chien de faïence, tous deux anxieux avant la première sortie prévue aujourd’hui. »
Où l’on apprend que Jouland repère au toucher sa bouteille d’Ardbeg. C’est sa boisson fétiche, il a bon goût l’animal. Il est vrai que le nez puissant – mais pas trop – de tourbe et d’iode mélangés fait voyager dans des contrées lointaines. Dans les îles couvertes de bruyères et de landes du nord ouest de l’Écosse. Islay plus précisément.
Pendant que d’une main je tapais les délires « verbaux » de Jouland qui cherchait tous les prétextes pour ne pas sortir une première fois avec ELLE, de l’autre je faisais tourner mon verre tulipe aux mêmes parfums épicés. Et je revivais les émotions de ma découverte du premier tome de la trilogie écossaise de Peter May, l’Île des chasseurs d’oiseaux. Si vous ne connaissez pas précipitez-vous, c’est un de mes maîtres à « écrire ». Vous marcherez dans la lande d’une petite île perdue et balayée par les vents du nord de l’Atlantique, vous admirerez les levers de soleil sur les plages désertes, aux couleurs chaudes et primaires, vos mains frôleront la bruyère pourpre et sèche, vos yeux se plisseront légèrement face au vent d’Ouest. Une bouffée vivifiante. Vous vous réchaufferez ensuite dans la chaleur d’un pub avec votre boisson favorite (qui tire au minimum 45°) en main, bien au chaud devant un feu de cheminée chargée en tourbe. L’odeur âcre vous emplira les poumons et vous vous sentirez une totale plénitude, loin du monde 2.0 aseptisé. Déconnection et reconnection. Autour de vous des personnages vrais, à la peau tannée par le sel et le soleil brut. Une deuxième gorgée les yeux fermés…