Navigateur solitaire boulevard du Montparnasse
Le flot incessant des voitures est à peine contenu par les feux tricolores du carrefour au croisement du Boulevard du Montparnasse. Il navigue en eaux troubles depuis longtemps, sans doute trop, et se sent à l’aise dans les eaux enfumées dans son nouveau port d’attache.
Son destrier métallique à roulettes est chargé de marchandises plus ou moins nécessaires, souvenirs d’escales dans d’anciennes zones sombres et inhospitalières. Des caisses de vin de nobles châteaux bordelais regorgent de babioles et jouets d’un autre âge, camions crevés ou Barbies désarticulées, pièces uniques d’un puzzle éparpillé à jamais.
Il est ancré à côté du banc qui lui sert parfois de dortoir, et son drapeau flotte fièrement au vent apparent des voitures pressées. Il est vert, dernier triangle récupéré de son habit de Peter Pan, échangé un soir de pleine lune contre une rasade de rhum dans le bouge d’une île imaginaire. Certainement. Peut-être. Lui en est persuadé.
La visière de sa casquette porte les frasques des tempêtes affrontées, mais son regard est toujours bleu. Simplement voilé par les marées de larmes qu’il a séchées pour survivre et passer chaque nouvelle vague.
Il vient vers moi.
« Une petite pièce pour un marin ? »
Je t’ai appelé Eric.
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Bruno