Aile de papillon
Le vent le surprend.
Une sensation oubliée, presque nouvelle, qu’il redécouvrait en franchissant timidement la grande porte vitrée de son immeuble. Cette porte qui l’avait protégé de cette invasion mystérieuse pendant de longues semaines. Un pas en avant. Le premier depuis très longtemps. Une marche pas très haute, puis un second pas, et le voici dans la rue.
Cela fait plus d’un mois qu’il n’a pas mis le nez dehors. Pas même à la fenêtre. On ne sait jamais. Personne ne sait. Pas lui en tout cas.
Les trottoirs sont vides, étonnamment propres. Pas une voiture. L’asphalte du boulevard luit sous le soleil timide, repeint par un printemps méticuleux.
Les arbres sont verts, d’un vent tendre qui lui rappelle la pâte à modeler qu’il tripotait enfant de ses doigts potelés. Il est surpris de ce souvenir d’enfance, enfoui depuis longtemps sous des décennies d’images de vie d’adulte. La lumière l’aveugle, trop crue pour ses yeux habitués à la pénombre reposante dans laquelle il s’était réfugié. Quelques pas minuscules, hésitants, fragiles. Ses jambes hésitent. Finalement tiennent le coup. La terre jaune de l’allée ne s’effondre pas.
Le bruit l’étonne. Ou plutôt l’absence de bruit. Il lui semble entendre le froissement des ailes en soie d’un papillon évadé de sa chrysalide.
Il tourne la tête…
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Bruno
